dimanche 18 septembre 2011

Les filles chez James Bond 007 (1)

Le petit monde de James Bond est composé d'éléments immuables : il y a "M", Miss Moneypenny, des méchants féroces, des gadgets ingénieux...et aussi toute une galerie de jeunes et jolies filles, parfois plusieurs par aventures, qui ne manquent pas de tomber sous le charme de notre agent secret glamour favori. Aujourd'hui je propose d'examiner les caractéristiques et les évolutions de la James Bond Girl, un concept qui peut paraître quelque peu macho à l'ère du post-féminisme mais qui n'a pas encore perdu de sa popularité.            
                      

Commençons par le commencement : donc par la toute première James Bond Girl de l'Histoire (même si James a dû faire des conquêtes avant), Vesper Lynd dans "Casino Royale" (1953). Vesper est un peu un cas à part. Bien sûr, elle est aussi jeune et séduisante que toutes celles qui vont suivre sa route. Mais elle réagit d'abord aux avances de son collègue avec ambiguïté, tour à tour chaleureuse et froide. Déconcerté, Bond le sera encore plus en assistant à son comportement empoté lorsqu'elle est kidnappée par Le Chiffre, sinistre businessman qui l'utilise comme appât pour attirer l'espion. Néanmoins, la relation des deux jeunes gens va s'approfondir de manière inattendue, avec les visites tendres et attentionnées de la jeune femme à son amant hospitalisé. La dernière partie du roman se focalise entièrement sur eux et leur idylle dans un hôtel de bord de mer, au risque de faire oublier qu'il s'agit d'une histoire d'espionnage. James Bond s'en rappellera trop tard, lorsqu'il trouve Vesper dévorée par un secret qu'elle se refuse à lui révéler : alors qu'il est prêt à l'épouser, Bond la trouve morte. Elle s'est tuée en lui laissant une lettre qui explique tout. Elle est un agent double qui a arrangé son enlèvement avec Le Chiffre. Désespéré, l'espion retrouve tout de même le contrôle de lui-même et la qualifie de "garce" à ses employeurs. Mais Bond est moins dur qu'il ne le prétend. Des années plus tard dans "Les diamants sont éternels", il se sent tout drôle lorsque Tiffany Case met le disque de "La vie en rose", chanson qu'il écoutait jadis avec Vesper...

Mais la vie doit continuer. Et la seconde girl en date est plus exotique que la première. Il s'agit de Solitaire, fille de planteurs français ruinés qui devient prostituée à Haïti et voyante personnelle de Mr Big, l'adversaire de Bond dans "Vivre et laisser mourir". Bond tombe vite sous le charme de cette jeune fille élégante mais sensuelle avec laquelle il partagera, sa mission terminée, des vacances passionnées.
Solitaire tombe tout de suite folle de lui, contrairement à Gala Brand, héroïne plus prudente de  "Moonraker".  Car cette jeune femme qui travaille à la base où Bond doit enquêter est fiancée et le qualifie d'abord de "jeune fat comme il y en a tellement dans les Services Secrets". Il gagne pourtant rapidement ses faveurs tandis qu'elle lui dévoile un corps superbe. Cela dit, Gala est la seule amie de James Bond à le quitter alors qu'il aimerait bien qu'elle reste un peu. Le roman se termine sur une séparation douce-amère. Bond se console rapidement avec Tiffany Case, jeune femme qui travaille pour les gangsters qui font la loi dans "Les diamants sont éternels". Légèrement plus âgée que ses consoeurs, Tiffany a aussi davantage vécue et elle donne tout de suite à Bond l'impression d'une femme décidée, mystérieuse et secrètement blessée. Leur affaire durera jusqu'au début de "Bons baisers de Russie" où James avoue à "M" que leur passion a perdu de son allant et que cette "belle fille mais un peu névrosée" le quitte d'un commun accord pour épouser un major américain. Pas grave ! Car "M" attend de son agent de séduire la jeune espionne russe Tatiana, qui a un profil à la Greta Garbo et peut-être un Lektor pour les Services anglais. Tatiana est une des plus attachantes James Bond Girl de tous les temps. Fleming nous fait partager un peu de sa vie quotidienne à Moscou, de ses espoirs professionnels et ses histoires sentimentales. Manipulée par la repoussante Rosa Klebb du SMERSH, la jeune fille est obligée de tendre un piège à Bond mais sans se rendre compte de la gravité de celui-ci. Elle vit sur son petit nuage jusqu'à ce que les choses s'enveniment. Dans l'adaptation cinématographique, c'est pourtant elle qui tue Klebb alors que James Bond était très mal en point.

Si "Les diamants sont éternels", ce n'est décidément pas le cas des aventures de Bond. Et le sort de Tatiana, son aventure terminée, n'est pas précisé par son ancien amant. A peine sorti de l'hôpital, suite aux blessures infligées par Klebb, James se retrouve plongé dans une mission qu'il considère comme une mise au placard : "Dr No". Il retourne pour l'occasion à la Jamaïque, où le souvenir de Solitaire l'effleure un temps, avant qu'il ne fasse la connaissance de Honeychile "Honey" Rider. Jeune femme naturelle et rieuse dans la lignée de Tatiana, Honey est sans conteste la plus célèbre conquête de Bond : son apparition hors des vagues en bikini a pris pour tous l'image mythique de la jeune Ursula Andress, qui l'interprète dans le film de Terence Young. Honey a été violentée jadis par un homme qui a abusé de sa pauvreté. Elle l'a tué en mettant une mante religieuse dans son lit. Bond ne manquera pas d'être déconcerté par cette héroïne ingénue et maligne, qui lui saute dessus au sortir de la douche et connaît les animaux de Crab Key beaucoup mieux que le diabolique Dr No. Ils connaissent une passion brève mais ardente et Honey rejoint le rang de Gala, Solitaire et Tiffany : elle quitte le sensuel agent secret pour un mari plus réaliste.

"Goldfinger" est une étape particulièrement bizarre dans la vie sentimentale de James Bond. Il y rencontre trois filles, aussi ravissantes les unes que les autres mais qui connaîtront des destins bien compliqués. La première, Jill Masterson, est une petite chose ravissante et naturelle. Elle est très vite séduite par l'agent qui enquête sur son employeur Goldfinger et passe avec lui une nuit dans un train qui débouche sur une séparation amicale. Mais le mal est fait. Pour se venger, Goldfinger la tue en recouvrant son corps de peinture dorée, ce qui entraîne, d'après Fleming, un étouffement respiratoire. La seconde, Tilly Masterson, n'est autre que la soeur de Jill. Elle aussi est jeune et belle mais Bond ne l'intéresse pas. Elle est décidée surtout à venger la mort de Jill et, au cours de leurs aventures, l'espion découvre qu'elle est lesbienne. Avec son machisme habituel, James Bond la qualifie de "d'une de ces filles qui souffrent d'un dérèglement hormonal". Faut-il en conclure que seules les homosexuelles peuvent résister au charme de notre héros ? Même pas ! Car il attire vite l'attention de la lesbienne Pussy Galore, jeune femme d'une trentaine d'années, ancienne trapéziste devenue chef d'une organisation criminelle. Pussy est le seul espoir de Bond pour vaincre les plans machiavéliques de Goldfinger, décidé à envahir Fort Knox. Elle ne le décevra pas, ce qui donnera lieu à l'happy end le plus abrupt et quasiment grotesque de toute la carrière de Fleming. Le revirement de l'héroïne est d'autant plus décevant qu'elle constituait au début l'image d'une forte femme assez intrigante. Elle est interprétée à l'écran par Honor Blackman, une vétérante de la série "Chapeaux melons et bottes de cuir".

La suite au prochain numéro.




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