mardi 20 septembre 2011

Les filles chez James Bond 007 (2)

Reprenons là où notre précédent épisode nous avait laissé... C'est à dire à "Opération tonnerre" (1961), roman dans lequel la séduction de James Bond est toujours aussi efficace. Sa partenaire du moment est une ravissante italienne Dominetta Vitali (Domino pour les intimes), qui sert de maîtresse au magnétique Emilio Largo sans savoir qu'il est responsable de la mort de son frère. Désoeuvrée à Nassau, Domino va partager des parties de natation avec James Bond avant d'accepter ses faveurs. Dotée d'un tempérament bien trempé, elle a l'honneur insigne d'assassiner le méchant alors que Bond lui-même voit sa chance tourner. Néanmoins dans le film de Terence Young, l'agent est entouré de trois autres jolies filles : la brune Paula, une espionne aux allures de mannequin qui finit tuée par la bande des méchants; la rousse Fiona, une complice de Largo qui refuse le sort de Pussy Galore et ne laisse pas le charme de Bond empiéter sur sa position de vilaine fille; et la blonde Patricia, séduisante infirmière qui aurait bien aimé le garder plus longtemps... Quand à Domino, elle est francisée afin de prendre les traits de Claudine Auger.


Dans "Motel 007" (1962), le rôle principal est cette fois tenu par une femme, la canadienne Vivienne Michel. Bond passe lui au second plan : il n'intervient qu'à mi-chemin du roman, plus ou moins par hasard. Et la narration étant assurée par Vivienne, ne bénéficie jamais de la focalisation interne à laquelle nous avait habitué Ian Fleming. Michel n'est décidément pas la compagne la plus inoubliable de l'agent secret : le récit de ses déboires amoureux, servi par une psychologie naïve, peine à lui donner une quelconque profondeur. Face aux gangsters qui assiègent son motel, elle n'est pas aussi téméraire que Tiffany Case ou Honey Rider et raisonne davantage. En définitive, ce bizarre roman féminin (!) apparaît plus comme le récit du fantasme d'une hôtelière que d'une aventure en règle de James Bond.
Autre changement de style dans l'opus suivant, "Au service secret de sa majesté" : certes James, parti en mission dans un sanatorium alpin, croise une vingtaine de jeunes et jolies femmes qui ne tardent pas à craquer pour lui (voir photo du film ci-dessus). Mais son coeur est ailleurs. Il vient en effet de rencontrer celle qui deviendra sa future épouse, Teresa Di Vincenzo, dite Tracy. Fille unique d'un mafieux bienveillant, Tracy marquera la vie de l'agent secret comme personne. Il la voit d'abord pour tenter de réconforter cette jeune femme dépressive et proche du suicide mais ne tardera à connaître à son égard des sentiments très profonds : "Elle possède tout ce que j'ai toujours désiré chez une femme" conclut-il à un moment du livre. Malheureusement, le mariage de James et Tracy sera bref : avide de vengeance, Blofeld organise un attentat sur la voiture des jeunes mariés. Et quelques heures à peine après la cérémonie, notre héros se retrouve veuf. Cet épilogue étonnamment mélancolique dans la carrière littéraire de Fleming est le prélude d'une période de dépression pour James Bond.

En effet, au début d'"On ne vit que deux fois", James Bond est une épave. Alcoolique, cynique, il traîne son désoeuvrement entre les murs de Regent's Park et semble avoir, pour une fois, renoncé à la compagnie féminine. Il faudra l'ordre impérieux de "M" et une mission tarabiscotée au Japon pour le remettre sur les rails. En compagnie de son allié japonais Tiger, Bond prend du bon temps dans les maisons closes et commence à retrouver sa joie de vivre. Réalisant qu'il a peut-être l'opportunité de venger le meurtre de sa femme en tuant Blofeld, notre agent atterrit dans un petit port de pêche où il tombe sous le charme d'une jeune femme des environs, Kissy Suzuki. Souple et sportive, elle lui est d'une grande aide alors qu'il se fait passer pour un pêcheur japonais et ne tarde pas à éprouver des sentiments en retour. Blofeld mort, la relation de Bond et Kissy prend un tour inattendu : le héros est sorti vivant de sa mission mais souffre d'amnésie totale. Kissy en profite pour lui faire croire qu'il est un gars du pays et s'installe avec lui. Pendant plusieurs mois, James mène une vie tranquille tandis que ses collègues du MI6 le croit mort. Lorsque les souvenirs lui reviennent, il décide de partir pour l'U.R.S.S. (se croyant alors un espion du KGB) et la futée Kissy abandonne la bataille. Un problème demeure : l'enfant dont Kissy est enceinte lors du départ de son compagnon et auquel ni Bond ni Fleming ne feront plus allusion. Le film simplifie grandement les choses en abandonnant l'option d'un James Bond amnésique et en divisant le personnage féminin en deux.

La dernière aventure de Bond, "L'homme au pistolet d'or", n'est pas sa plus excitante sur le point de vue sentimental. D'ailleurs, tout l'univers de l'agent secret semble s'effriter : le méchant Scaramanga est un condensé peu convaincant de ses anciens adversaires, "M" est moins tolérant et il n'y pas de cargaisons de jolies filles au rendez-vous. Seule consolation : l'ex-secrétaire de James, la blonde et gaffeuse Mary Goodnight. Cette mignonne jeune femme n'atteint pas les sommets de bravoure et de séduction de celles qui l'ont précédée. Elle n'apparaît dans l'intrigue que de façon fragmentaire et joue surtout un rôle comique. Néanmoins, c'est sur leur étreinte mutuelle, amourette sans prétention, que se clôt la carrière de notre Don Juan de l'espionnage. La mort de Fleming après ce roman ne saura mettre fin pour autant à la vie de James Bond. Il y aura beaucoup de films et de livres pour la perpétuer. La dernière oeuvre en date, "Carte blanche" de Jeffery Deaver reste d'ailleurs dans la lignée du père de Bond : et l'épilogue rappelle que notre agent, malgré son désir pour une compagne fidèle, doit se résigner à ne jamais en trouver une. Le devoir l'appelle, celui de sauver le monde et de rester disponible pour des James Bond Girls sans cesse renouvelées, fantasmes incessants d'un homme qui ne vieillira jamais.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire